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La visite d’un délégué de l’usine n’apparaît pas comme une faveur, c’est au contraire un moyen de pression pour lui faire endosser toutes les contraintes liées aux produits, et pas question de toucher à l’organisation !

Aloïs Hippmann, le chef technique, est bien sûr présent à l’entretien, c’est un collègue de l’époque des stagiaires Omega dans les années 58/59 à Bienne, un Autrichien d’origine avec une forte personnalité plutôt germanique, qui devrait en théorie s’opposer à la mentalité latine. Mais pas du tout, ses qualités de « fonceur » pimentées avec parfois ses «coups de gueule» passent très bien avec l’équipe technique locale qui l’apprécie et le respecte à sa juste valeur.

Les locaux portent encore de sérieuses traces du tremblement de terre du 28 août 1973, faisant de nombreuses victimes dans cette zone de la ville. L’édifice Omega a été bien touché et ses murs et plafonds lézardés laissent imaginer l’ampleur du séisme, ce qui est sans compter avec le «capharnaüm» provoqué par la chute ou le renversement des armoires et meubles divers.

On est étonné du rythme de travail imposé dans le contexte de cet atelier motivé par un important volume de montres à traiter, dont les interventions rapides et les travaux partiels représentent une part importante de la production exécutée dans un temps minimum, voir même immédiatement lorsqu’il s’agit de servir l’important flux de la clientèle à la réception.

Cette situation limite beaucoup la disponibilité des horlogers qui n’ont en fait que très peu de chance de pouvoir profiter de la présence d’un support de l’usine.

L’analyse des problèmes techniques détectés par l’usine sur les nouveaux produits ayant mis en évidence un phénomène d’usure du pivot supérieur de la roue de seconde sur le nouveau modèle «Electroquartz», nous oblige à vérifier les montres en stock au niveau Agence, qui compte une trentaine de pièces.

Cette contrainte étant mise en évidence sur deux de ces montres, une initiative est prise pour réviser le lot complet en changeant le rubis supérieur de la roue incriminée, à l’origine du problème.
Aloïs n’étant pas un super-technicien en la matière, il délègue l’un de ses meilleurs horlogers pour participer à cette opération et en moins de 5 jours, toutes les montres pouvaient réintégrer le stock, révisées, fonctionnelles et à la seconde.

Merci Luiz ! ... « quel bon travail et tu es devenu le meilleur spécialiste de la « BETA 21 » sur le marché mexicain ! »

 

19 juin 1974

Zürich Airport, 20 h 55 - vol RG 751 pour Rio de Janeiro à bord d’un Boeing 707 de la VARIG.
Au petit matin du 20, formalités locales et transfert puis vol interne pour São Paulo avec un Electra de la PONTA AEREA.

São Paulo Congonhas Airport, 08 h 30. Accueil de Walter Kleinert, directeur de la filiale SSIH locale.

C’est en 1964 que la SSIH a racheté la CIR-Companía Importadora de Relógios Ltda qui, sous la direction de Georges-A Fiechter, allait passer sous sa nouvelle raison sociale CIR -Comercio e Indústria de Relógios Ltda.

Transféré à la direction des filiales de vente du Groupe SSIH à Bienne en août 1968, Georges-A. Fiechter a été remplacé à la tête de la filiale brésilienne par Walter Kleinert.

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Après une rapide installation à l’hôtel ce sont les retrouvailles, non sans une certaine émotion, dans le contexte de la CIR. 8 mois se sont écoulés depuis la prise de congé au port de Santos, le 9 octobre 1973 !
Le programme de travail est rapidement établi et il comprend bien sûr le volet de la formation des horlogers dans le domaine de l’évolution des produits, mais aussi il s’agit de réaliser une analyse complète de l’organisation du service, aussi bien du côté administratif que technique.

La vue globale de la situation est totalement différente lorsque l’on «débarque» de l’extérieur, complètement libéré de toutes les contraintes journalières et de la situation des «cas en cas» qui pompent le temps et le mental des responsables opérationnels. Et c’est vrai qu’il y en a des choses à revoir, certainement que pas mal d’entre elles auraient pu se faire avant, en osant leur attribuer un statut de priorité au détriment de cet arbre qui cache la forêt !! Il n’y a donc aucune raison de ne plus les faire du tout, et c’est bien là que se situent les objectifs de cette visite.

 

29 juin 1974

São Paulo Congonhas Airport, 20 h 15 - vol de la CRUZEIRO pour Buenos Aires avec escale à Porto Alègre. C’est l’occasion de faire un «bout de chemin» avec un collègue de la CIR, responsable des ventes pour le Sud du Brésil. L’opportunité est idéale pour échanger des idées et de profiter d’une autre source d’informations émanant directement du marché.

Buenos Aires Ezeiza Airport, 23 h 00 ... deux collaborateurs de la SCR, filiale locale, se sont déplacés malgré l’heure tardive et c’est un soulagement car le centre ville se trouve à 40 km de l’aéroport ! ... Sympa les gars ! Merci !

C’est en 1939, que la distribution sur le marché argentin a été reprise par la SSIH, en créant une filiale sous la raison sociale SCR-Sociedad Comercio de Relojeria à Buenos Aires.
Élargissant son champ d’action, elle couvre également la distribution sur les marchés de l’Uruguay et du Paraguay durant quelques années. Plus tard, ces marchés allaient devenir autonomes avec une distribution régionale attribuée à des Agents locaux.

Après plusieurs étapes dans l’histoire de cette filiale, c’est en 1972 que la direction de la SCR a été confiée à Jean-Pierre Verdan.

30 juin ... un accueil sympathique ...
Un dimanche surprise, en effet, des amis de Jean-Pierre Verdan ont organisé une journée au «Tigre», une pléiade de petits îlots privés situés sur le delta du Rio de la Plata. C’est idéal pour passer des heures ... ou des jours loin des contraintes de la vie active. Une petite maison de week-end, des arbres et des plantes, rien d’autre sur ce lopin de terre, en dehors bien sûr de ceux qui nous reçoivent et ceux qui sont invités, une joyeuse cohorte d’amis qui aiment se retrouver ici en famille, chiens y compris ! Il en manquait un toutefois, mais il n’allait pas tarder à se manifester en arrivant à la nage pour passer la journée en bonne compagnie et, partager les délices de la vraie « Parilla Argentina ». Ils l’ont appelé «Lobito » et depuis plusieurs années, il leur rend visite à leur arrivée et il repart ... à la nage vers son île, dès qu’il perçoit les rangements du départ !

Et pourtant, il régnait ce jour-là comme un sentiment de doute au sujet de l’actualité et de la situation du pays. La stabilité politique de l’Argentine étant fragile ... il y avait des rumeurs...

1er juillet ... Quand l’actualité s’impose ...
Le temps de prendre contact avec les collègues de la SCR, sous l’impulsion de Jean-Pierre Verdan, de cerner les points de préoccupation touchant l’efficacité du SAV et de définir un programme de travail utile aux différents points mis en évidence .... et la nouvelle est tombée par radio en un message laconique .. Le Président Juan Peron est mort ... !!
Tout le pays s’est arrêté .. en moins de 5 heures, les magasins d’alimentation et supermarchés ont été épuisés, les commerces, restaurants et lieux publics ont été fermés et le centre ville s’est vidé. Les programmes radios et TV se sont interrompus ne diffusant que de la musique de circonstance ou fixant la caméra sur la cathédrale où la dépouille du Président allait être déposée.

La ville de Buenos Aires a connu un blocus total, aucun accès avec l’extérieur, aéroports fermés, une situation qui s’est prolongée jusqu’au samedi où il a été finalement possible d’accéder à Ezeiza, dans une profonde confusion. Après avoir réussi à trouver une place sur un vol pour São Paulo suivi d’une attente de .. 7 heures .. le Boeing 727 de la CRUZEIRO a enfin pris son envol pour le Brésil .. !!

C’est ainsi que le programme de travail prévu à la SCR n’a jamais pu commencer ...!!
Et encore .. « un grand merci à la famille Verdan » .. pour son accueil durant ces journées d’attente où l’on a appris à «tuer» le temps, avec des jeux, des conversations, ou encore en écoutant le reportage des matches de la Coupe du Monde 74 en ondes courtes sur une station uruguayenne ... et en plus ...de bons moments autour d’une table ... sauvant la mise pour le résident d’un hôtel ne servant que ... le petit déjeuner !!

Encore quelques jours à São Paulo pour la suite du programme de travail et finaliser les plans d’action à moyen et long terme.
Pas toujours facile de travailler en fonction des obligations locales, il y a d’un côté l’aspect de liberté en matière d’initiatives et d’improvisation, mais de l’autre, il y a le continuel combat des contraintes administratives et fiscales qui n’ont rien à voir avec le chapitre de l’exotisme mais plutôt avec l’autre face de la liberté !!

03 août 1974

Rendez-vous à Genève avec Jean-Marie Perroud ... et en route pour l’Afrique ...
Genève Airport ...16 h 40 ... vol TP 515, pour Lisbonne à bord d’un jet de la TAP portugaise.
Lisbonne Airport ... quelques heures d’attente en transit, puis ... 22 h 10 ... vol TAP 2655 pour Luanda à bord d’un Boeing 707.
Les relations politiques entre l’Angola et certains autres états africains étant très litigieuses, le vol suivra sa route au-dessus de l’Atlantique, jusqu’aux abords du territoire angolais pour une durée de près de 9 heures de vol.
Luanda Airport ... 07 h 00 ... on attrape le vertige à voir tourner le tapis des bagages .. il manque une valise contenant les effets personnels pour un voyage de 18 jours !!
Elle ne viendra jamais, car son étiquette d’identification de vol à été perdue à Lisbonne et sur base d’indications annexes elle sera rapatriée .. à Bienne !!

La Maison J.A. Ferreira dirigée à Luanda par son directeur et sociétaire Fernando Seriot a organisé un séminaire technico-commercial pour le réseau détaillant régional.
Et c’est Jean-Marie qui, en ayant assumé la structure et le programme, prend en charge le déroulement et l’animation de ces deux journées qui seront suivies d’un cours technique électronique de quatre jours pour les horlogers et pour ceux qui ont envie d’en connaître un peu plus sur la montre à quartz.

 

Lire la suite : Trajectoires - Episode 3: l'Angola er le Zaire


 *Ces textes n'engagent ni Omega, ni le Musée Omega, ni la SAMO, mais uniquement leur auteur qui en détient les droits de copie.

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