**Extrait du discours du Président lors du 25ème anniversaire de la SAMO
Nombreux sont les membres de la SAMO pour qui l’histoire de la SAMO n’est pas ou mal connue. Je vais par conséquent vous raconter son histoire et ses moments forts.
Et pour commencer, il est certainement utile de rappeler quelques étapes importantes de l’histoire d’Omega.
- Né le 13 mai 1825, Louis Brandt est le fils de Frédéric-Louis Brandt, horloger à La Brévine. Il a travaillé durant quelques années dans l’entreprise paternelle à la production d’échappements ancre et duplex. Ceux-ci ne sont alors utilisés que dans l’horlogerie de précision. Le jeune Louis Brandt vient de fêter ses 23 ans lorsqu’il se marie avec Pauline Matthey de l’Etang et quitte sa Brévine natale pour aller s’établir à la Chaux-de-Fonds.
- C’’est là qu’en juin 1848 il se met à son compte à la Promenade 51 - « La plus belle rue du plus grand village du monde » - pour y implanter son comptoir d’établissage. C’est donc tout naturellement dans ce domaine de l’horlogerie de précision, avec lequel il est familiarisé, qu’il se spécialise, fabriquant surtout des montres de poche à clef, avec boîtes en argent. Naissance de 4 enfants, dont les deux derniers Louis-Paul / né en1854 et César / né en 1858) s’impliqueront dans la société familiale. A 19 ans, Louis-Paul Brandt passe une année en Allemagne, puis deux ans en École d’horlogerie. En 1876, les deux frères partent en stage en Angleterre.
En 1877, tombé malade, Louis Brandt fait revenir Louis-Paul d’Angleterre pour le seconder. Le 14 juillet, ils s’associent pour fonder la société en nom collectif Louis Brandt et fils.
- Deux ans plus tard, César rentre à son tour d’Angleterre pour s’occuper des ventes, Louis-Paul se consacrant essentiellement à la technique. Leur pèredécède le 5 juillet 1879 à l’âge de 54 ans ! Les deux frères s’associent à leur tour le 6 novembre, formant entre eux une nouvelle société en nom collectif qui conserve cependant la raison sociale Louis Brandt et Fils. A peine devenus leurs propres maître, ils décident d’abandonner le système de l’établissage pour transformer leur maison en manufacture travaillant par procédés mécaniques selon le système Ingold qui avait si bien réussi aux États-Unis. Comme La Chaux-de-Fonds ne leur semble pas être le milieu le plus favorable à l’épanouissement d’une nouvelle manufacture, en raison de la pénurie de main d’œuvre, de surfaces disponibles, d’approvisionnement énergétique et de l’opposition que la population y manifeste contre ce genre d’entreprise, ils viendront s’installer à Bienne, tout d’abord à la route de Boujean.
- Les frères Louis-Paul et César Brandt lancent en janvier 1880 leur premier calibre réalisé par procédés mécaniques dans leur toute nouvelle manufacture biennoise : un remontoir bon marché à échappement cylindre, vendu en boîte argent ou métal. Les résultats sont très concluants. Cette innovation réussie donnera peu après naissance aux premières marques de la maison : Jura, Patria, Helvetia, Décimal et tout spécialement Gurzelen, qui connaît immédiatement un grand succès. 1880 : Naissance de Paul-Emile Brandt, fils ainé de Louis-Paul. Il étudiera à Bienne, à l’École polytechnique fédérale de Zürich et à l’Université Cornell aux Etats-Unis. A fin 1881, l’usine compte déjà 250 personnes.
En octobre 1882, naissance d’Adrien Brandt, deuxième fils de Louis-Paul et frère de Paul-Emile. Mais je pense qu’il est grand temps de voler à votre aide pour mettre de l’ordre dans la compréhension de cette grande famille d’horlogers qui n’a rien fait pour nous faciliter la vie, allant même jusqu’à donner à tous ces descendants males des prénoms comprenant toujours celui de leur ancêtre Louis, certains ne figurant qu’au niveau de l’État Civil !
Voici donc pour vous un arbre généalogique simplifié de la dynastie Brandt ne mentionnant que les descendants de Louis Brandt ayant joué un rôle actif au sein d’Omega et du groupe SSIH.
On y voit également les 2 fils de César : Gustave et Ernest (nés en 1883 et 1885).
En début des années 1920, le Conseil d’Administration d’Omega était présidé par Adrien Brandt et comptait Paul-Émile Brandt, Gustave Brandt et Ernest Brandt en tant qu’administrateurs.
- Pour en finir avec la généalogie, signalons encore qu’Adrien Brandt a eu 6 enfants dont deux ont occupé des fonctions dirigeantes à la tête d’Omega : Charles Brandt et Robert Brandt. Signalons encore au passage que deux petits-enfants d’Adrien Brandt font actuellement partie des membres de la SAMO : Dominique Brandt, fils de Robert Brandt et Jean-Marie Brandt, fils de Gervais Brandt.
- Maintenant que vous savez tout sur la famille Brandt, je vais revenir succinctement à l’histoire d’Omega.
- 1885 : Lancement du calibre « Labrador » à échappement ancre, dont la précision atteint 30 secondes par jour.
- 1894 : Création du célèbre calibre Omega 19 ‘’’, remarquable par la perfection de sa construction, par l’ingéniosité de certains mécanismes (comme celui de la mise à l’heure) et par la modicité de son prix ! Déposée le 10 mars 1894, la marque Omega est enregistrée internationalement le 11 avril 1894.
- 1895 : Afin de donner en leur usine de Bienne toute l’extension possible à la fabrication de leur calibre ancre Omega, les frères Brandt décident de transférer celle de tous leurs calibres cylindre, ainsi que leur Comptoir d’établissage de La Chaux-de-Fonds, à une nouvelle société, La Générale.
- 1900 : La production annuelledes seules montres Omega atteint 180'000 pièces, soit 600 pièces par jour.
- 1903 : Année difficile avec la disparition subite, coup sur coup, des frères Brandt qui vont laisser une entreprise florissante entre les mains de 4 jeunes gens aux capacités inconnues, dont le plus âgé n’a pas encore 24 ans et le plus jeune à peine 20 ! La société est transformée en société anonyme avec un capital de 250'000 francs.
- 1905: La direction se répartit les tâches comme suit :
- Paul-Émile Brandt : Direction de tous les ateliers de fabrication, gérance des immeubles ;
- Adrien Brandt : Direction de la terminaison, création des modèles, surveillance de la qualité, expéditions, comptabilité, publicité et direction de La Centrale Boîtes ;
- Gustave Brandt : Direction commerciale et direction de la maison de Paris.
- 1912 : Surchargé par le travail, Adrien Brandt remet la responsabilité des ateliers de remontage à son frère Paul-Émile.
- 1920 : Après les turbulences de la Grande Guerre et son cortège de mesures protectionnistes, 1920 marque le début d’une nouvelle crise horlogère et celui d’un chômage des plus élevés (7,8 mio de pièces exportées en 1921 contre 18 mio en 1916, et 28'000 chômeurs !
- Les comptes 1920/1921 bouclent pour la première fois sur une perte qui se monte à 631'000 francs.
- 1922 : La production tombe à 52'000 pièces et les trois quarts du personnel chôment plus ou moins complètement.
- 1925 : Signature, le 8 janvier d’une convention instituant la Communauté d’intérêts technico-commerciale Omega-Tissot. Les deux fabriques se complètent : l’une fabriquant la montre de haute qualité, l’autre la bonne montre moyenne.
- L’ex-Direction générale de Gustave Brandt est remplacée par :
- La Direction de fabrication, laissée à Paul-Emile Brandt ;
- La Direction commerciale, confiée à Paul Tissot (1890-1951), qui remplacera Henri Schaeren (qui va rejoindre son frère Georges à la tête de Mido ;
- La Direction des finances est transférée d’Adrien à Gustave Brandt.
Ces Directions sont coordonnées par un nouveau Comité de direction, que préside Adrien Brandt.
- Les pertes des 5 dernières années dépasse les 6 mio et un assainissement aura lieu en 1926.
- Le tristement fameux Krach de Wall Street du 24 octobre 1929 (jeudi noir – la bourse perd en ½ journée 22,6 % !), atteint l’horlogerie suisse en plein fouet. Les ventes horlogères s’effondrent de 20,8 mio de pièces en 1929 à 8,2 mio de pièces en 1932.
- 1930 : Création de la société holding SSIH (Société Suisse de l’Industrie Horlogère SA) regroupant Omega et Tissot, et l’année suivante …
- 1931 : Fondation du deuxième holding horloger l’ASUAG (Allgemeine Schweizerische Uhrenindustrie AG) avec une participation minoritaire de la Confédération qui permet le regroupement des fabricants d’ébauches et des parties réglantes.
- En 1937, signature de la Paix du Travail, un instrument de dialogue et de négociation.
- Notoriété mondiale pour deux marques suisses : Rolex et Omega. Pour Omega, l’image « haut de gamme compétitif » est forgée par son directeur commercial, Adolphe Vallat, génial stratège d’une politique de distribution combinant la sélection des meilleurs détaillants et leur concentration sur les produits Omega et Tissot, dans leurs catégories de prix.
- 1932 : Omega obtient en exclusivité le chronométrage de toutes les épreuves des Jeux Olympiques de Los Angeleset, cette même année …
- Entrée de Lémania dans la SSIH.
- 1944 : Sortie de fabrication de la 10'000’000ème montre portant la marque Omega. La quatrième génération des Brandt commence à prendre ses responsabilités dans l’entreprise familiale. Charles Brandt est en effet placé à la tête du CCF – Contrôle central de fabrication, poste équivalent à celui de chef de fabrication.
- 1946 : Engagement d’un jeune juriste, Charles Sickert, qui va devenir le grand patron du chronométrage sportif dès 1950.
- 1949 : Fils d’Adrien Brandt et frère de Charles Brandt, Robert Brandt (1919-1989) devient membre du Conseil d’administration d’SSIH.
- 1951 : Henri Gerber, directeur technique, entre au Comité de direction Omega.
- 1955 : Président du Conseil d’administration Omega depuis 1914, Adrien Brandt décède le 2 février, soit un peu plus de cinq mois après la disparition de son frère Paul-Émile (Ce qui renouvelle cinquante ans plus tard le destin de leur père et de leur oncle, partis l’un et l’autre dans des conditions semblables, en 1903.
- 1958 : Décès d’Ernest Brandt, vice-président d’Omega et patron de Gameo, l’agent général d’Omega pour la Suisse. Joseph Reiser (Président de la SSIH) devient administrateur-délégué d’Omega.
- 1959 : Près de la moitié des chronomètres suisses certifiés officiellement sont des Constellation.
- 1961 : Robert Forster est nommé directeur commercial en remplacement de Adolphe Vallat.
- 1963 : La direction Omega comprend un administrateur-délégué (Joseph Reiser) et 7 directions dont la Direction de production (Charles Brandt) et la Direction des finances (Robert Brandt). Les ventes d’Omega passent le million de pièces. Objectif : pouvoir fêter les deux millions de pièces en 1970.
- 1965 : La NASA choisit la Speedmaster comme chronographe officiel. Hans Widmer succède à Henri Gerber à la Direction Technique. Création d’une nouvelle Direction de Fabrication, confiée à Charles Brandt, regroupant la Direction Technique (Hans Widmer), la Direction de Production (Jean Härri) et la Division de l’Équipement (Pierre Monnier).
- 1968 : Joseph Reiser se démet de sa charge d’administrateur-délégué qu’il a exercée durant dix ans. Ses fonctions sont reprises le 1eraoût par Charles Brandt.
- 1970 : Entrée en fonction de Pierre Waltz à la tête de la Direction générale opérationnelle de la SSIH.
Je pense raisonnable de m’arrêter à ce stade dans le rappel de la genèse d’Omega. La valse des directeurs ainsi que la restructuration de l’horlogerie suisse avec la venue de Nicolas Hayek et sa société de consulting Hayek Engineering pourront faire l’objet, ultérieurement, d’une autre présentation. Mais revenons à l’histoire proprement dite de la SAMO. Le Musée Omega, premier musée au monde propre à une marque horlogère est inauguré en décembre 1983.
C’est en 1994 que la Fondation Adrien Brandt crée la Société des Amis du Musée Omega – SAMO
L’Assemblée constitutive s’est tenue le 17 octobre 1994 au Foyer Omega sous la présidence de Charles-Louis Brandt qui rappelle, dans son discours d’ouverture de séance, que « C’est, il y a 100 ans, que la marque OMEGA a trouvé le jour ». Monsieur Roland Mäusli (ex-responsable d’Omega Cortébert) est élu Président de la SAMO à l’unanimité des 34 personnes présentes. De ces membres fondateurs, seuls 3 figurent encore au fichier de nos 131 membres actuels : madame Pierrette Strahm et messieurs Marc Gassmann et Walter Tobler.
La SAMO a pour but de contribuer, par le biais de dons, de témoignages, de recherches et autres analyses, à enrichir les collections, à animer les activités du Musée Omega, à affiner l’histoire de la marque et à participer à son rayonnement. Elle comptait au départ 116 membres passifs et actifs. Ces derniers, soit une vingtaine de personnes (tous anciens cadres et collaborateurs de la maison), se sont attelés à la tâche en formant six groupes de travail spécialisés dans les domaines technique, marketing, chronométrage, ingénierie, personnel et administration.
Monsieur Hans Schaller (ex-directeur R&D SSIH) est élu nouveau président lors de l’Assemblée Générale de la SAMO du 28 janvier 1999.
C’est lors de cette même AG que l’on annonce la sortie de presse de l’Encyclopédie « Omega Saga » dont le rédacteur, Marco Richon, est également Conservateur du Musée Omega.
Lors de l’AG du 16 novembre 2000, Marc-André Miche fait une présentation détaillée de l’échappement Co-Axial de George Daniels.
L’AG du 16.11.2006 accepte à l’unanimité d’offrir à Charles-Louis Brandt, fondateur du Musée Omega, le titre de Membre d’honneur de la SAMO à l’occasion de son 90ème anniversaire. Il décèdera la même année.
A l’occasion de l’AG du 15.11.2007, Marco Richon présente son nouveau livre « Omega – Voyage à travers le Temps » qui est sorti de presse en juillet. Une « bible » de plus de 800 pages (pesant la bagatelle de 4,3 kg), éditée en français, allemand et en anglais, illustrée par 6625 photos, dessins et reproductions de montres, calibres et annonces publicitaires Omega, le tout couvrant 125 ans d’histoire horlogère !
Changement à la tête de la SAMO lors de l’AG du 20 novembre 2008 : Michel Burdet (cadre R&D d’Omega avant de poursuivre sa carrière au sein d’ETA) est élu président.
Fin 2009, André Bessot, vice-président de la SAMO, établit une synthèse de la filmothèque d’Omega et fait procéder à la digitalisation de 57 bobines de films argentiques 16 mm et 35 mm. Au total, environ 9 km de films sont convertis en 10 DVD de bonne qualité facilement ré-exploitables !
L’année 2010 est marquée par le passage à la retraite de Marco Richon, Conservateur du Musée depuis sa création en 1983… mais la mémoire vivante de l’histoire d’Omega reste actif au sein du Comité de la SAMO.
C’est en début de 2011 que Brandon Thomas reprend la fonction de conservateur du Musée. Un nouveau site du Musée, version anglaise, est réalisé : http://www.omegamuseum.com/
L’année 2012 est essentiellement consacrée à la définition de la structure du nouveau site internet de la SAMO et à la définition de son fonctionnement.
Thomas Brandon ayant décidé de devenir consultant indépendant, c'est Petros Protopapas, alors actif à la direction des ventes d'Omega, qui reprend dès le mois d'août 2012, la direction du Musée Omega.
Lors de l’AG du 7 mai 2013, j’ai accepté de prendre la succession de Michel Burdet et j’ai été nommé 4èmeprésident de la SAMO. J’ai durant 38 ans été proche d’Omega, tout d’abord en tant que cadre aux finances Omega puis responsable des comptes consolidés du Swatch Group.
J’ai volontairement renoncé à vous parler des produits développés par Omega, ces derniers vous seront merveilleusement présentés au niveau de notre nouveau musée.
En ce qui concerne les décès des membres du Comité, je rappellerai qu’en 2017 deux membres nous ont quitté : Michel Christe et Marco Richon qui a été le conservateur du Musée Omega de 1989 à 2010.Un bref rappel des dernières sorties et fêtes organisées dans le cadre de la SAMO :
2008 : Visite de Donzé-Baume, Les Breuleux
2009 : Musée MUMM Oberhofen
2010 : Musée Patek Philippe, Genève
2011 : Musée de l’Horlogerie, Morteau (France)
2012 : Blancpain, Le Brassus & Espace horloger, Le Sentier
2013 : Atelier d’assemblage Co-Axial & Musée Longines, St-Imier
2014 : ETA – Production cadrans & MIM (Metal Injection Molding), Granges
20 ans de la SAMO – la même année dans le cadre d’Omega Bienne
2015 : METAS (Office fédéral de métrologie) , Wabern
2016 : Omega : Master Chronometer & Customer Service
2017 : Nouvelle usine Universo et MIH (Musée International d’Horlogerie), La
Chaux-de-Fonds
2018 : Nouvelle manufacture Omega & Dernière visite de l’ancien Musée Omega.
7.11.2019 / VOI