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À l’époque, pour effectuer un stage d’avocat en vue d’obtenir le brevet et de pratiquer le barreau, la législation vaudoise exigeait le titre de docteur en droit.

Durant mes années d’études de droit à Berne puis à Lausanne, je ressens un déclic et décide de devenir avocat. Dès l’obtention de ma licence en automne 1977, je m’attèle à la rédaction de ma thèse consacrée à « La protection élargie de la marque de haute renommée au-delà des produits identiques et similaires ». Souhaitant ne pas me restreindre à la théorie et donc pratiquer la matière, par le biais de mon père Robert Brandt, j’ai le privilège d’être accepté comme stagiaire au Service des marques, modèles et contrefaçons de SSIH SA et assistant du responsable Charles Sickert, cela trois jours par semaine. Le prénommé ayant décidé de prendre une retraite anticipée, je lui succède. Pour consacrer plus de temps à ma thèse, je quitte le poste le 31 décembre 1979.

Un lundi matin, ma secrétaire Alice Ghennai me signale que, durant mon absence la semaine précédente, deux messieurs se sont présentés. Ils avaient acheté une montre Omega, éprouvaient des doutes sur son authenticité, souhaitaient la faire examiner par un responsable et savoir si Omega prenait des mesures de lutte contre la contrefaçon. Ma secrétaire les prie de revenir et leur fixe un rendez-vous. Je n’ai que vingt-cinq ans, mais je crois déjà en l’intuition féminine. Je suis sensible au discours de mon interlocutrice qui n’exclut pas que les deux personnages soient des contrefacteurs. Je prends contact avec le chef de la police de Bienne et lui expose la situation. Il me demande de le rappeler dès que les deux individus arrivent.

Le jour J à l’heure H, le portier appelle Alice Ghennai. Au moment d’aller chercher les deux messieurs, celle-ci m’avertit. Je téléphone au chef de la police. Je reçois les deux personnes dans mon bureau. Après quelques minutes de discussion, la porte s’ouvre brusquement. Trois policiers en civil entrent dans le bureau et « embarquent » les deux individus. La scène ne prend que quelques secondes ; encore aujourd’hui, elle me paraît surréaliste.

Quelques heures plus tard, le chef de la police m’appelle. Les deux messieurs sont connus ; les perquisitions ont confirmé qu’ils étaient effectivement des contrefacteurs.

Quelques quarante ans plus tard (et oui), donc avec un temps de réaction excessivement lent, je prends conscience du risque énorme que j’avais pris en n’informant pas mon supérieur Georges-Adrien Matthey ! Je me demande quelle aurait été l’image d’Omega si l’action de la police avait été une erreur. Je préfère effacer la question et rester dans le déni. Ouf…

 

Dominique Brandt

Le 17 juillet 2023

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